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Total et la polémique de La Mède


Dans un communiqué en date du 16 mai 2018, le Groupe Total a annoncé avoir reçu l’autorisation d’importer l’huile de palme pour en faire du bio-carburant. Cette annonce s’inscrit dans un contexte polémique sur l’huile de palme en France. Ce qui a suscité beaucoup de réactions.

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« Total a reçu ce jour l’arrêté d’autorisation d’exploiter sa future bio-raffinerie de La Mède, étape importante du projet de transformation du site débuté en 2015 et dont le démarrage est prévu à l’été 2018. », indique le communiqué du groupe pétrolier français.

Cette bio-raffinerie « disposera d’une capacité de traitement annuel de 650 000 tonnes ». Elle est composée de « 60 à 70 % d’huiles végétales brutes d’origines aussi diverses que le colza, le tournesol, le soja, la palme, le maïs ou de nouvelles plantes du type carinata ». Cela va augmenter les importations de la France en matière d’huile de palme de 64%.

Problème. Cette annonce intervient alors que le parlement européen, avait voté, le 16 février 2018, l’interdiction de l’huile de palme dans les carburants d’ici à 2021. Cette loi de l’instance européenne entend, entre autres, plafonner les biocarburants issus des cultures vivrières au niveau de la consommation de 2017. En autorisant l’exploitation de cette raffinerie, l’hexagone reste sur sa position d’opposante à cette décision votée par la majorité des eurodéputés.

Colère des ONG de protection de l’environnement

Le projet de Total ne fait pas plaisir aux ONG environnementalistes. Et ce, malgré la promesse d’assurer le « respect des critères de durabilité par l’ensemble de la chaine logistique, et en particulier que l’approvisionnement soit issu de producteurs certifiés RSPO ».

En première ligne des mécontents, Les Amis de la Terre, Greenpeace France, France nature environnement (FNE) et la Ligue de protection des oiseaux-PACA. Ces organisations ont déposé, jeudi 5 juillet2018, un recours dans un tribunal contre l’autorisation de cette raffinerie de Total. Pour ces ONG, les 550 000 tonnes d’huile de palme et dérivés qui seront importées chaque année par Total pour produire du carburant à La Mède vont détruire des milliers d’hectares de forêts tropicales. Elles appellent donc la France à s’aligner sur la loi adoptée par l’Union Européenne.

« L’huile de palme est en réalité la pire voie de reconversion pour le site de La Mède. Au regard des récentes décisions prises à l’échelle européenne, l’huile de palme dans les agrocarburants est condamnée à disparaître d’ici quelques années. Total doit proposer un projet qui préserve les emplois et soit économiquement viable, écologiquement durable », explique Julie Marsaud, coordinatrice du réseau Forêt de France Nature Environnement.

Chez les politiques, une soixantaine de sénateurs de l’opposition ont adressé une lettre ouverte au gouvernement. « Nous vivons ce feu vert accordé à Total comme un renoncement vis-à-vis de nos impératifs écologiques, et une contradiction avec un modèle agricole duquel est exigé proximité, qualité et durabilité », ont-ils dénoncé.

 

Crédit photo : Maritima.info