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Palmier à huile et économie circulaire : une initiative innovante pour la durabilité de la filière


Depuis 7 ans, le Cirad travaille en partenariat avec la société de plantation ANJ, installée dans plusieurs régions d’Indonésie, sur une transition vers des pratiques agroécologiques. Les derniers travaux sur le compostage à grande échelle des déchets organiques ont permis à une filiale d’ANJ d’être la première plantation indonésienne de palmiers à huile à recevoir une reconnaissance nationale en matière de durabilité.

Régimes de palmier à huile ANJ, Indonésie. © Alain Rival, Cirad

Le secteur de l’huile de palme se retrouve souvent sous les feux de la rampe, interpellé sur les questions sociales et écologiques que soulève sa culture, notamment en Asie du Sud Est. Néanmoins, depuis plusieurs décennies, la transition agroécologique est en route dans ce secteur. Le Cirad a réussi à entraîner dans des changements de pratiques essentiels en matière de durabilité, des plantations de taille moyenne – de 10 à 100 000 ha. Ces partenaires sont des acteurs sensibilisés aux enjeux du développement durable et aux démarches d’innovation. Ils contribuent à la durabilité et la résilience de la filière, nécessaire pour lutter contre la déforestation en Indonésie.

Depuis 2014, le Cirad est notamment engagé dans un partenariat avec la société de plantation ANJ (PT Austindo Nusantara Jaya Tbk) installée dans plusieurs régions d’Indonésie. Les projets développés en commun concernent l’optimisation de la gestion de la fertilité des sols, l’apport raisonné en intrants, la lutte intégrée contre les parasites et, dernièrement, le compostage à grande échelle des déchets organiques.

Pour chaque tonne d’huile extraite, l’industrie du palmier à huile doit traiter 1 tonne de déchets organiques solides, les rafles, et environ 2,5 t de déchets liquides, les effluents. Alors que ces déchets constituaient un problème environnemental sérieux dans les années 1980, les plantations les recyclent désormais comme engrais organiques dans leurs parcelles. Ces déchets ont une forte teneur en éléments nutritifs et en carbone organique‎ et ne contiennent pas d’éléments toxiques. Ils ont des effets bénéfiques sur la production des palmiers, au point qu’une partie des engrais chimiques habituellement utilisés en plantation est désormais substituée par ces amendements organiques naturels.

Engagé dans une démarche d’amélioration de sa durabilité, le groupe ANJ est membre de la Table ronde pour une huile de palme durable (RSPO) depuis 2007. Pour Georges Tahija, p.-d. g. du groupe, l’agriculture durable joue un rôle crucial pour satisfaire l’objectif de l’accord de Paris consistant à limiter l’augmentation de la température de 2°C en 2050 et la réalisation de l’objectif de lutte contre le changement climatique de l’ONU (ODD 13). « Avec le soutien du Cirad, notre partenaire en recherche et développement, nous identifions les données scientifiques qui vont améliorer notre durabilité », souligne-t-il.

Récemment, une filiale du groupe ANJ, la société indonésienne PT Sahabat Mewah Makmur (SMM), a reçu la médaille d’or du Prix Proper Emas, décerné par le ministère indonésien de l’Environnement et des Forêts. SMM est la première plantation de palmiers à huile à obtenir cette distinction. Une autre filiale d’ANJ, PT Austindo Nusantara Jaya Agro (ANJA), a également reçu le prix Green Proper.

« L’attribution de cette récompense à une plantation d’huile de palme montre que les gouvernements des pays producteurs prennent aussi le chemin de la durabilité, souligne Alain Rival, directeur régional du Cirad en Asie du Sud-Est insulaire et correspondant de la filière palmier à huile au Cirad. Les États sont en effet, aux côtés des sociétés privées, des acteurs majeurs de la transformation de la filière : ce sont eux qui attribuent les concessions et déterminent comment ces concessions seront utilisées. »

Les recherches menées par le Cirad en partenariat avec des sociétés privées de plantation de palmier à huile, tel que le groupe ANJ, mais aussi le groupe SIAT en Afrique, poursuivent plusieurs objectifs complémentaires. Il s’agit, tout d’abord, de produire en réseau des connaissances sur les systèmes de culture du palmier à huile. Par la suite, les équipes de recherche consolident ces données sur le terrain dans des environnements agroécologiques diversifiés. Ces connaissances permettent enfin d’accompagner les plantations vers des pratiques non seulement plus efficientes, mais aussi plus respectueuses de l’environnement. Le Cirad accompagne ainsi les plantations vers une transition agroécologique, avec l’ambition d’une meilleure productivité et d’un travail décent.

Source: Cirad