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La Côte d’Ivoire produira 748 MW d’électricité grâce à la biomasse d’ici 2030


La Côte d’Ivoire regorge d’un trésor inexploité, renouvelable, et qui ne se dévoile qu’aux plus courageux. C’est le trésor des agriculteurs et des éleveurs, souvent mis de côté, peu considérés et pourtant si nécessaires à l’avenir… Il s’agit bien évidemment de la biomasse, de l’ensemble de ses « déchets verts » qui inondent les fermes. Jetés et délaissés, ces déchets pourraient dans un futur proche avoir bien plus de valeurs pour les agriculteurs. Et pour cause, près de 15 centrales à biomasse sont en projet en Côte d’Ivoire et permettraient de dégager 750 MW d’électricité environ. Le potentiel est considérable.

@PIXABAY

Le potentiel de la biomasse en Côte d’Ivoire

D’après le Plan d’actions national des énergies renouvelables de Côte d’Ivoire (PANER ; 2016-2030), la biomasse rassemble des « produits biodégradables, des déchets et des résidus d’origine biologique de l’agriculture (incluant les substances végétales et animales), de la sylviculture ou des industries associées, notamment la pêche et l’aquaculture, ainsi que la partie biodégradable des déchets industriels et municipaux ». Notons que le processus de fermentation de la biomasse produit du carburant, le biogaz.

L’Agence néerlandaise pour les entreprises (The Netherlands Entreprise Agency – une agence gouvernementale qui travaille pour le ministère des Affaires économiques et de la politique climatique) a publié en juin dernier le rapport « Study of the biomass potential in Côte d’Ivoire » qui  dévoile davantage de précisions sur la biomasse ivoirienne. Le potentiel est estimé à près de 12 000 000 tonnes (t) par an. Il se concentre sur la noix de cajou (coquilles, pommes de cajou), le manioc (épluchures), le cacao (cabosses, coques de fèves de cacao), l’huile de palme (feuilles de palmiers) et le caoutchouc (résidus d’abattage, graines d’hévéa). Des matières premières à l’origine du développement de nombreux projets de centrales à biomasse sur le territoire ivoirien.

Les projets de centrales à biomasse se multiplient sur le territoire

Une future centrale à biomasse située dans la commune d’Aboisso a récemment fait parler d’elle. D’un coût de € 232 millions, l’infrastructure de 46 MW devrait être mise en service en 2024 et électrifier 1,7 million de personnes. Proparco et Emerging Africa Infrastructure Fund (EAIF) devraient couvrir 77 % du montant grâce à un financement de € 165 millions de dette et € 13 millions de subventions. Les 23 % restants devraient être délivrés par la société Biovea Energie qui regroupe EDF, Meridiam et SIFCA.

La centrale fonctionne grâce à l’utilisation de résidus de feuilles de palmiers et d’hévéas issus de cultures locales, permettant ainsi d’améliorer les conditions de vie de 12 000 planteurs qui verront leurs revenus annuels croitre de 20 %.

La centrale d’Aboisso est la première d’une longue série. En effet, le Plan d’action national des énergies renouvelables 2016-2030 (PANER) dévoile une liste des futures centrales à biomasses qui jalonneront le territoire ivoirien ces prochaines années. Parmi ces projets, l’extension du projet d’Aboisso qui pourrait augmenter la puissance de la centrale des 46 MW actuels à 86 MW. D’autres centrales à biomasse sont à signaler, utilisant des résidus de culture de cacao à Abidjan (160 MW), Gagnoa (80 MW), Yamoussoukro (80 MW) ; de caoutchouc à San-Pedro (60 MW) et de coton à Boundiali (25 MW). Il faut y ajouter les projets de la ville de Dabou (10 MW), Divo (10 MW), Grabo (20 MW), Yakro (80 MW). Ces projets portent ensemble la production de biomasse à 491 MW (ou 531 MW) en Côte d’Ivoire.

À noter que les chiffres du PANER et ceux dans le Bilan et Perspectives 2015-2030 du secteur de l’Electricité, publié par Ci-Energies le 13 juillet 2016, annoncent tous deux une production de biomasse de 491 MW en Côte d’Ivoire. Or, ce résultat similaire cache des disparités dans le détail des projets biomasses. Certaines listes comprennent des projets qui ne sont pas mentionnés dans d’autres, et vice versa. Une fois l’ensemble de ces projets additionnés, la production de biomasse ivoirienne culmine à 531 MW.

Les projets biomasses pourraient atteindre plus de 748 MW

La puissance énergétique relevée témoigne de l’importance des projets, et il est fort possible qu’ils ne soient pas les seuls en cours… L’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) publiait en 2019 le rapport d’activité du Programme de réformes et de transactions de Power Africa (PATRP). Ce programme de l’USAID vise à fournir une aide technique, logistique et administrative pour mettre en œuvre l’initiative du gouvernement américain Power Africa, destiné à résoudre la difficulté d’approvisionnement en électricité de l’Afrique subsaharienne.

Ce rapport liste des projets de biomasse en Côte d’Ivoire, dans lequel on retrouve les projets des villes de Gagnoa, Divo et San Pedro cités précédemment. Surtout, ce document mentionne des projets à Divo (70 MW – en augmentation de 60 MW), Duékoué (27,5 MW), Dalhoa (32 MW), Bouaflé (17 MW), Abengourou (16 MW), Soubré (87 MW) et Agboville (18 MW). Ainsi, on apprend que ces nouveaux projets augmentent la capacité des centrales à biomasse de 257,5 MW ! Une donnée qui porte la production des projets en Côte d’Ivoire à 748,5 MW (ou 788,5 MW selon les chiffres utilisés). À titre de comparaison, les projets hydrauliques et les solaires accumulent respectivement une puissance de 1 387 MW et 424 MW sur la période 2017-2030.

Mal ou peu considérés hier, les « déchets verts » s’avèrent capitaux de nos jours. D’autant plus que l’augmentation des prix des denrées agricoles devrait renforcer la rentabilité de ces matières premières, améliorer les revenus des agriculteurs et développer un secteur agroindustriel en pleine mutation. Une situation favorable qui devrait accroitre encore davantage les projets biomasses en Côte d’Ivoire.

Source: COMMODAFRICA