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Bolloré en Afrique : quand la justice française jette de l’huile (de palme) sur le feu
La cour d’appel de Versailles vient de valider une procédure intentée contre le groupe du patron breton. Les plaignants réclament l’amélioration des conditions de vie des travailleurs et riverains de plantations d’huile de palme au Cameroun.
Friand d’affaires africaines, l’empire de Vincent Bolloré semble effectuer une telle mue, ces derniers mois, que certains médias supputaient un retrait du continent. La cession, le 31 mars, de 100 % de Bolloré Africa Logistics à l’armateur italo-suisse MSC ne doit pas faire oublier les multiples activités du groupe du « corsaire breton » en Afrique, notamment dans les secteurs culturel et publicitaire pour lequel il est visible dans sa France d’origine. Et c’est encore un autre secteur que vient de mettre en lumière une actualité judiciaire qui dévoile que tout ne baigne pas dans l’huile… de palme.
Ce jeudi 9 juin, la cour d’appel de Versailles validait une procédure déjà esquissée, l’année dernière, par le tribunal de Nanterre. Des exceptions de nullité rejetées après le premier verdict, le groupe Bolloré devrait appliquer un « plan d’action » conclu en 2013, en vue d’améliorer les conditions de vie, au Cameroun, des travailleurs et riverains des plantations de la Socapalm, une entreprise d’exploitation d’huile de palme « directement liée au groupe Bolloré ». Au programme : la « garantie » de la « sécurité au travail », le perfectionnement de « conditions de transport et de logement » décentes ou encore la réduction du recours à la sous-traitance.
La procédure était intentée par l’ONG Sherpa – spécialisée dans la protection de populations victimes de crimes économiques –, ainsi que neuf autres associations et syndicats français, camerounais, belge et suisse.
Au-delà de la surveillance des conditions de travail dans les plantations, le secteur de l’huile de palme est dans la tourmente, depuis des mois, entre accusations d’augmentation du mauvais cholestérol, imputation d’une déforestation responsable de la mise en danger d’espèces comme celle des orangs-outangs ou encore reproches de l’usage de produits hautement toxiques. Plus récemment, le conflit en Ukraine – indirectement– et des tergiversations indonésiennes sur leurs exportations – directement – ont conduit à une flambée des cours de « l’huile rouge ». Une mauvaise nouvelle, notamment pour bon nombre de pays subsahariens dépendant des importations.
La production africaine d’huile végétale ne satisfait que la moitié des besoins annuels du continent. Et l’huile de palme est le principal corps gras consommé, par exemple, dans des pays comme le Cameroun ou la Côte d’Ivoire friands de sauce graine et ndolé…
Source : Jeune Afrique