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L’huile de palme atteint des prix historiques


Le prix de l’huile de palme a atteint ces derniers jours un record absolu. Le 15 mars la tonne réceptionnée au port d’entrée de Rotterdam, port de référence en Europe pour le commerce des oléagineux, a même atteint plus de 1 100 dollars. Un prix vertigineux qui pourrait avoir de nombreux effets collatéraux.

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De mémoire de palmier à huile, jamais les cours n’ont été si hauts. « Des prix hallucinants », commente Alain Rival, chercheur au Cirad qui parle d’un grand mystère pour la communauté des agronomes qu’il fréquente. Aucun mécanisme simple d’évolution des prix liés à l’offre et la demande n’explique ces données, ajoute-t-il.

Il n’y a pas eu de grands épisodes climatiques qui ont affecté la productivité, la production est repartie après les premiers mois de Covid-19 dominés par un manque de main-d’œuvre en Malaisie. Depuis, elle est restée globalement stable ce qui ne justifie donc pas cette flambée sur les marchés.

Pour Philippe Chalmin directeur du cercle CyclOpe – think tank de référence sur les matières premières -, ces prix reflètent probablement avant tout la tension globale sur la planète des oléagineux, avec des prix très élevés, notamment pour le soja et le colza, suite à la très forte demande chinoise.

Il ne faut pas exclure non plus une poussée spéculative pure, comme il y en a parfois, confie un négociant, l’huile de palme étant cotée sur un marché qui n’est pas des mieux contrôlé, celui de Kuala Lumpur. La perspective d’une année caractérisée par des stocks relativement limités a peut-être participé aussi à cet affolement des prix sur le marché de l’huile de palme.

1 100 dollars la tonne c’est en tout cas plus de trois fois le seuil de rentabilité de la culture du palmier à huile, qui tourne autour de 300 à 350 dollars. Ces prix vertigineux signifient donc de gros profits pour les grandes compagnies, mais aussi pour les petits planteurs qui représentent 40 % du secteur. Mais ces prix vont-ils pour autant inciter les producteurs à investir pour faire évoluer la filière, la mécaniser ?

La culture du palmier à huile est très gourmande en main-d’œuvre, l’année 2020 fera peut-être réfléchir certains… Elle est aussi très sensible aux aléas climatiques, il faudrait donc réfléchir à planter autrement et mieux explique Alain Rival qui craint qu’au contraire les profits générés par les prix actuels incitent à une extension des surfaces. Le risque d’une explosion du marché est donc avant tout écologique surtout si l’envolée des prix perdure.

Source: RFI